Hubert : le Devoir de Mémoire

Hubert raconte Lagrange et le Devoir de Mémoire

A propos de mon grand-père Eloi Clavé, qui a fait la guerre de 1914-1918 (et qui avait mis discrètement sa croix de guerre tout au fond de l'armoire) : à 75 ans, ce 6 août 1944, il n'avait pas perdu le sens de l'histoire.

La guerre de 1939-1945 continuait. Les allemands venant d'Aire s/Adour, avaient occupé Le Houga et encerclé au petit matin, à 6 heures, la maison Lagrange où nous habitions tous en famille. Tout gosse, j'étais la 8 ème personne. Les Allemands étaient à la recherche des résistants maquisards.

En effet, ces derniers étaient cantonnés à 700 m de nous, à l'orée du bois de Bascaule, lieu dit Bassejeau.
Mon grand-père nous dit : "Je suis le plus âgé, s'il y a un risque, autant que ce soit moi..."
Disparaissant dans le brouillard et provoquant la sortie des bovins à la pâture, il parvint à faire savoir aux maquisards que les Allemands étaient proches de Lagrange.
Sans entrer dans les détails de cette journée, ici, ce fut Le jour le plus long ! ...

Voici les conclusions, avec la liste des personnes prises en otages entre 7h et 8h30 du matin, enfermées dans la remise de l' hôtel Lestage-Lafontan au Houga où s'est joué le sort de chacun:
Henri THIEBAUD (maquisard) de Mont de Marsan, Pierre FARINES (maquisard) de Villeneuve, Jean LABASTIE (maquisard) de Ondres - tous trois fusillés au bois de Bascaules.

Ernest GOSNET (Ldt Le Pouy) de Toujouse (rescapé du peloton d'exécution), Marthe LAFONTAN (hôtelière) à Le Houga, Jean LABORDE (garagiste) à Le Houga, Eloi CLAVE et Joseph LABENELLE (Lagrange) à Le Houga, René DUPEYRON (Langlade) à Le Houga, Paul DUCOURNEAU (Massejeau) à Le Houga, Fernand ARNAUDAS à Le Houga, ERnest et Andréa DESTOUT (Lanegrasse) à Le Houga, M.DOUAT (Latastère) à Le Houga, Robert LABORDE (maquisard) à Panjas, M.LAPORTE (maquisard) de Villeneuve. Ces deux derniers étant non armés, ils n'ont pas été identifiés comme tels.

Henri COMBELLE (maquisard évadé puis repris) de Mont de Marsan, Mme PEGGY de Mont de Marsan (responsable des cartes d'alimentation).

M.et Mme MARIE-ROSE, M et Mme KOLN, M.et Mme STOPLER, couples de juifs réfugiés à l'hotel du Houga. Enfin, 4 ou 5 personnes non identifiées.

Sur cette liste (environ 28), seulement une dizaine de personnes furent libérées dans l'après-midi, avant que l'hôtel ne saute à la dynamite. Outre, hélas! ceux passés par les armes, les autres furent internés à Mont de Marsan, au Fort du Hâ à Bordeaux.
Nous ne savons pas ce que sont devenus les réfugiés juifs...

Fin août, Bordeaux est libérée. Les deux folgariens, Marthe LAFONTAN et Jean LABORDE, internés au Fort du Hâ pour avoir hébergé des résistants, sont aussi libérés.